Road Trip du 26/11/15 au 30/11/15 : Lac Saint Jean
- tripmandl
- 4 déc. 2015
- 11 min de lecture
29/11/2015 – Saint-Méthode
A 3 jours de notre arrivée dans la ferme Ticouapé, et déjà une belle expérience humaine bercée par la neige, le ruminement des vaches et l’odeur du fumier :-) .

Jour 1 : L’arrivée
Récupération de la voiture, direction la rue Sherbrook dans Montréal qui se trouve être techniquement la route 138, Le chemin du Roy. Nous longeons alors le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Shawinigan puis prenons la route magique 155 depuis son 1er kilomètre, l’une des plus belles route du Québec. Nous pensons que c’est bon, nous pouvons nous dire que nous sommes au Canada : Des étendues à pertes de vue de sapins, de collines, de lacs et rivières. Même si l’hiver n’est pas encore arrivé et que l’automne est passé, la vue en est tout autant magnifique. Des arbres dénudés, un ciel gris bien bas, une eau de rivière un peu grise, il y a une atmosphère c’est sûr et ça aide. On alterne alors avec des points de vue à ras d’eau et d’autres en hauteur. Il est 16h30, la nuit arrive, le thermomètre affiche 2°C et nous sommes toujours sur la 155…
Nous arrivons enfin à Chambord, première bourgade en bordure du lac Saint-Jean. Fin de la route 155, nous piquons à gauche sur la 169 Nord. Nous traversons quelques petites villes (Roberval, Saint-Prime, puis Saint-Félicien) qui ont pour nous, vraiment, une physionomie de villes américaines : une allée centrale avec tout commerce, mairie, église, un Mc DO, puis rien…
A Saint-Félicien, nous recherchons la Route « Rang Nord », nous roulons au pas, dépassons Saint-Félicien, et arrivons à Saint-Méthode, commune de Saint-Félicien, toujours pas de Rang Nord. Dépassons Saint-Méthode, un panneau noir, « Rang Nord » Bingo ! C’est partit pour 7 kilomètres de voiture sur du gravier à pister les numéros de maisons, espacés par des centaines de mètres. « Bienvenue à la ferme Ticouapé », une étable, une maison, à première vue pas de signe de vie, il fait 0°C et nuit noire. On se gare, on approche de la maison, un chien débarque. Nous approchons de l’étable voyons quelqu’un passer dans une fenêtre de l’étable. Nous faisons le tour, et nous sommes donc accueillis par Jean-Marie et Dominic (son employé). « - Bonjour ?! – Hey vous autres !!! » Et là grand moment de solitude, nous ne comprenons pas trop ce qu’il nous dit, nous faisons semblant de croire que l’on se rejoint devant l’étable, montons dans la voiture : crise de fou rire…
Jean-Marie nous invite à nous rendre dans sa maison le temps qu’il termine la traite et que sa blonde et ses enfants reviennent de la fête de grand-maman. Nous voilà dans cette maison plutôt rustique, sans bruit, à attendre que quelqu’un y fasse son entrée. Premier réflexe, voir s’il y a un wifi…bon ok, pour la désintoxication numérique, on verra ça plus tard !!! Ouf !!! un wifi J . Jean-Marie arrive et nous fait la visite. On comprend dans son ensemble son phrasé mais certains mots ou expressions nous échappent. Nous logerons dans le sous-sol dans une chambre sommaire composée d’un matelas surélevé posé sur une planche de bois, une chaise, un petit meuble, une télévision et la console Nintendo Nes !!! Simple et propre. Jean-Marie s’excuse d’avance qu’il n’y ait pas de lampe de chevet mais seulement un point lumineux central. Cela fera partie des prochains petits travaux comme il dit. Puis il nous donne le rythme horaire de leur vie. Déjeuner à 6h15, dîner à 12h et le souper à 16h30-17h. L’important est de se sentir comme chez nous et de faire comme chez nous. Nous voilà accueilli et prêt à décharger nos affaires. Marie-Eve, Timothé et Xavier arrivent. Les présentations sont faites puis nous soupons avec Jean-Marie pendant que les enfants montent se coucher. Il est 18h. Pour premier repas nous avons droit à du pâté chinois, sorte de hachis parmentier agrémenté de maïs. Un régal. Chacun se sert puis les premiers échanges sont lancés. Marie-Eve nous rejoint et déterminons l’organisation de la journée du lendemain. 19h-19h30, ils partent se coucher car tous les matins leur journée débute à 3h30. Nous faisons de même en riant d’être au lit aussi tôt !!! 21h extinction de notre lampe frontale.
Jour 2 : Première journée de boulot
6h15, après une bonne nuit, nous nous retrouvons dans la pièce de vie pour prendre ensemble le déjeuner. Les enfants sont debout posés devant un dessin animé. Jean-Marie et Marie-Eve sont encore à l’étable. Nous nous sentons gauches car nous ne savons pas comment préparer le petit-déjeuner…oups, le déjeuner. A leur arrivée, un « bon matin » général retentit puis tout s’accélère car le bus scolaire de Timothée passe le récupérer à 7h13. Nous essayons de prendre le train en marche et surtout de bien observer pour dès le lendemain être efficace. On comprend mieux pourquoi les québecquois parlent de déjeuner le matin : céréales (4 sortes), yogourt, chocolat chaud avec bien entendu le lait de la ferme (un délice au passage), des fruits et des toasts de pain rotis graissés de beurre, de sirop d’érable, de beurre de peanut (2 sortes), de confiture et du petit crémeux (fromage à graisser). Bref un vrai régal et un vrai repas. Timothé n’a plus que 7 minutes pour finir de se préparer pendant que Marie-Eve fait du sucre à la crème pour l’école. Le bus est là. La tuque, les mitaines, l’écharpes, le sac et hop Timothé coure vers le bus qui part en suivant.
Après cette heure express, la maison revient au calme…trop au calme pour nous qui n’avons qu’une hâte : avoir une activité…un comble pour des touristes en année sympathique :-).
Nous étions prévenus que l’activité était plutôt calme en cette période pour des woofers tout en sachant que la traite ne nous était pas réservée car assez complexe.
Jean-Marie nous propose, oui oui, propose et non demande, de l’accompagner à l’étable pour nous faire le tour du propriétaire et éventuellement l’aider dans ses tâches. Avant de s’y rendre, il nous invite à nous changer et nous prête une tenue de travail. Yeah, à nous jean, tee-shirt, polaire, blouson, tuque, gants, chaussettes chaudes et bottes. Xavier se joint à nous.
Dans l’étable, les vaches sont cotes à cotes sur 2 rangs attachées au cou par une chaine. Elles broutent
paisiblement le foin. Après un tour complet et quelques questions de notre part, Jean-Marie nous propose de l’aider à distribuer le foin qui est fixé sur une machine dont nous avons oublié le nom. Matt, Jean-Marie et Xavier distribuent le foin pendant que je manœuvre la dite machine. Boulet comme je suis, bien entendu j’ai ripé. Et sacrément, j’ai roulé sur le pied de Xavier. Heureusement plus de peur que de mal. Je ne savais plus où me mettre. Mais Jean-Marie m’a rassuré en me montrant que Xavier était passé à autre chose et que cet évènement m’a permis de prendre conscience qu’il faut bien observer pour anticiper ou du moins éviter ce type d’accident qui peut arriver dans une étable. Xavier monte de mon côté pour ramener l’engin pour récupérer une autre balle de foin. La direction ne se faisant que sur une roue, je vous le donne dans le mile, je refais mon boulet, et je coince la machine entre 2 boxes de vaches !!! Bon, la machine c’est terminé pour moi. Après avoir enlevé les merdes des vaches, et dieu sait ce qu’elles pissent et chient !!! Je me suis rentré pour dîner. En quittant l’étable, importance de se rincer les bottes, laisser les affaires en bas et se laver les mains avant de se rendre dans la pièce de vie.
Pendant ce temps, Matt, avec le tracteur, une première pour lui, a été chercher des balles de foin pour les ramener à l’étable pour les utiliser le lendemain.
12h, la course reprend car Timothé a 20 minutes pour dîner. Sacré rythme pour ce petit bout de chou de 5 ans.
L’après-midi, accompagnés de Pop-Corn et Ilia, deux chiens joueurs et câlins, sous des flocons de neige constant et de plus en plus gros, nous avons aidé à défaire deux balles de paille dans un enclot pour que les vaches puissent s’y coucher dessus. En effet, ce troupeau restera l’hiver dehors. Cette activité nous a permis de constater que les vaches sont curieuses et viennent au plus près de nous. Nous remarquons rapidement qu’une a le dessus sur le reste du troupeau. Quel plaisir de leur déposer de quoi se faire un nid douillet tout en étant sous cette neige fraîche. Notre malaise à notre arrivée à Montréal est bien loin tant ce que nous vivons et apprenons nous apporte joie, bien-être, dépaysement, et tant d’autre encore.
Notre autre mission a consisté à défaire les clôtures électrifiées des enclos vides. Ceci afin d’éviter tout danger pour les motoneiges qui utilisent les pâturages comme sentiers. Cette mission fût horrible. Devoir parcourir un pâturage bordé d’une forêt de sapins et d’une rivière, le tout enneigé !!! Putain, on est bien et on se sent bien ici.
Pendant que Matt s’occupait de Timothé et de Xavier, j’ai assisté Marie-Eve pour une insémination artificielle d’une vache. Pendant que je posais une main sur le dos de la vache, Marie-Eve introduisait son bras gauche dans le rectum puis le droit dans l’appareil génital avec une pipette de sperm congelé de plusieurs taureaux. Pensant bien faire, je caressais le dos de la vache. Marie-Eve me demanda d’arrêter car la vache n’est pas habituée à cette marque d’affection et ne faisait que l’agiter. Dans 21 jours, le résultat de l’insémination sera connu. Au passage la gestation d’une vache est de 9 mois et 1 semaine.
Pendant ce temps-là, Jean-Marie terminait la traite. Nous y reviendrons un peu plus tard.
Fin de la journée, il est l’heure de souper puis 20h au lit.
Nous nous sentons vraiment bien au sein de cette famille qui sait être bienveillante, accueillante, et qui fait preuve d’une philosophie de vie tant professionnelle que professionnelle qui s’accorde et qui fait réfléchir, notamment concernant le mode de vie et la production « bio ».
Jour 3 : Suite du boulot
Au final, les journées de la ferme sont ainsi rythmées : traite le matin à 3h30, déjeuner à 6h15, soin des vaches, dîner à 11h45/12h, puis travaux d’extérieur, et pour terminer vers 16h, deuxième traite des vaches.
Aujourd’hui nous décidons de nous occuper de la nourriture pour la journée. Au menu, dîner avec des crêpes et souper avec un pot au feu. Ludo s’attelle à tout ça. Matt file avec Jean-Marie à l’étable pour lui filer un coup de main et prépare pour l’après-midi le chemin. Il va falloir amener un troupeau d’une quinzaine de vaches dans un autre champ pour l’hiver.
Encore une fois, tout se passe pour le mieux, dans une bonne ambiance, et dans le souci du partage.
Nous terminons la journée par la descente des clôtures d’un enclos, dans un endroit toujours magnifique, en bord de rivières gelées avec des sapins revêtus de leur manteau d’hiver.
Arrivé le soir, c’est autour de Matt d’assister à une insémination artificielle, mais cette fois-ci du côté du derrière de la vache !!!! Sacrée expérience.
Le pot au feu est sur la table, le couvert est mis et les enfants sont couchés. Marie-Eve et Jean-Marie ont généralement l’habitude de se servir à l’assiette. Nous, nous apportons le pot au feu sur la table et nous les servons. Ils aiment, tant mieux :-). Nous prenons le temps de discuter encore et encore. C’est toujours aussi plaisant, agréable et enrichissant. 20h, Marie-Eve n’en peut plus et part se coucher. Nous restons un peu avec Jean-Marie. Puis 20h30, nous décidons de partir à l’aventure à Saint-Félicien by night et veiller !!!! Direction la micro brasserie la Chouape. Une véritable aventure car nous devons conduire de nuit sur l’asphalte verglacée et enneigée. Malgré nos pneus neiges, nous roulons à 20km/h car faut bien se le dire : nous n’avons pas l’habitude. 45 minutes et 15 km environ plus tard nous arrivons enfin. Bar fort sympathique, accueillant et pas mal de jeunes !!! Une serveuse vient à notre rencontre et nous propose 2 de leurs spécialités. On craque, on ajoute leur saucisson fait maison. Un vrai délice. Ce n’est pas tout ça mais on fatigue. 22h on repart. Ce coup-ci, plus à l’aise sur la route, en 1/2h le trajet est fait. 23h30 au lit…ouch, le réveil à 6h va piquer.
Jour 4 : Dernière journée
Nous ouvrons la journée par une descente de clôture, la dernière. Nous ne perdons pas de temps, il faut se changer, se préparer à passer quelques heures dehors alors qu’il fait entre -2 et -4°C. La mère de Marie-Eve vient d’arriver avec son chum. Ca s’active en cuisine, on file un coup de main. Les petits s’excitent, s’impatientent. Nous aussi, nous avons hâte d’aller chercher le sapin de Noël dans la forêt.
Allez hop, tout dans une glacière : du pain frais du matin fait par Marie-Eve, des galettes (cookies), du chocolat chaud, une mixture œuf/mayonnaise, des légumes croquants et des morceaux de fromages.
Nous montons en voiture, direction un terrain qui leur appartient et là, la magie opère.
Un chemin tout blanc, bordé de sapins complétement enneigés, des flaques d’eau gelées, un décor de

carte postale.
On ne sait plus trop où donner de la tête, nous voici comme deux gamins qui allaient chercher leur arbre de Noël. Comme dans un film.
Au bout du chemin nous attendent Jean-Marie et un ami de la famille avec un feu et deux cabanes en bois. Nous dînons, quelques flocons commencent à tomber (oui tout est réuni) et partons enfin à la recherche du sapin qui allait être le point central de la maison durant ce mois avenir.
Nous nous avançons dans les bois, parfois difficilement praticable, quand nous trouvons enfin le sapin. Celui qui est grand et beau. Une petite scie à la main, voilà Matt entrain de couper le tronc. Easy…
Retour au pickup avec l’arbre sur l’épaule, oui nous avons des aires de bucherons canadiens (l’accent en moins).




Retour à la ferme, le froid se fait sentir. Session jeu de société (Carcassonne) et décoration du sapin.
La soirée (notre dernière) à l’étable pendant la traite est des plus intéressantes. C’est le moment des échantillonnages du lait de chaque vache. Nous fonctionnons par binôme : Ludo et Jean-Marie / Matt et Marie-Eve. Le boulot consiste à voir ce que chaque vache donne en quantité de lait, et après les échantillons partent en analyse. Je vous vois venir, non nous n’avons pas eu l’occasion de traire la vache pour les prélèvements, tout est mécanisé, et même si les premiers jets sont fait à la main, la technique est trop complexe pour que nous le fassions, mais surtout faute de temps…
Une chose est certaine, c’est que sur cette tâche-là, nous nous sommes sentit responsable, et aidant, techniquement parlant, auprès de l’étable. Ça fait du bien. Même si tout ce qu’on a pu faire ne nous a pas du tout dérangé, ce moment-là fut quand même un peu gratifiant, ou peut être comme une prise de considération.
Quoi qu’il en soit, ce fut un bonheur de rencontrer cette famille, de travailler pour eux et avec eux. De découvrir une autre philosophie de vie.
Jour 5 : le départ
On a pris le rythme, couché la veille à 20h, réveillés à 6h sans le réveil. Un dernier bon matin, un

dernier déjeuner gargantuesque. Le rythme effréné de la semaine a repris. Timothé nous dit un bye bye de loin et s’en va rejoindre son bus. Nous avons eu le temps juste avant de faire un selfie avec la superbe canne, donnée par Julien, au pied du sapin, malheureusement sans Xavier, qui ne souhaitait pas être sur la photo.
Nous descendons préparer nos sacs. Nous ne savons pas encore notre programme. En effet, 2 jours avant, nous avons rencontrés Véro, la sœur de Marie-Eve, qui est prof spécialisée auprès de jeunes en difficultés (trouble du comportement) à Saint-Félicien. Lors de nos échanges, Ludo lui demanda s’il pouvait passer 1h dans sa classe pour observer. Elle n’y voyait pas d’inconvénient mais devait en faire la demande à son directeur. 10h, le téléphone sonne. C’est Véro pour Ludo. Elle est navrée car le directeur donne une réponse négative. Mais à voir pour plus tard.
Nous décidons donc de nous diriger vers le Zoo de Saint-Félicien. Superbe ballade sous la neige au milieu de ce zoo si grand que l’on oublie les enclos tellement que leur priorité est de respecter l’environnement de vie des animaux. Sur Facebook vous verrez nos rencontres. C’est beau mais on gèle tabernacle !!!
Puis direction Dolbeau et Mistassini pour aller voir la chute des pères. C’est-à-dire la fusion de plusieurs rivières qui se jettent dans le lac Saint-Jean. Comme on dit : bof bof. Peut-être plus sympa à

faire en été. Pendant la pause déjeuner nous nous connectons pour trouver une solution logement à Saguenay. Bingo, Un couchsurfer est ok pour nous accueillir chez lui.
Sur la route en direction de Saguenay, nous nous arrêtons à PERIBONKA qui est charmant à nos yeux.
Arrivés à Saguenay, nous nous rendons chez Mario qui est absent pour une réunion mais nous donne toutes les indications pour se rendre chez lui et l’attendre au chaud. Drôle de sensation de rentrer chez un inconnu alors qu’il n’est pas là. Ferions-nous ça en France ??? Nous nous sentons de suite à l’aise. Son condo est cocon, confortable. Nous sommes fatigués par la route. Nous nous motivons pour aller faire des courses afin de préparer le souper. Au menu, pâtes bolo !!! Mario arrive pendant que nous cuisinons dans sa cuisine J Soirée très agréable à échanger sur différentes thématiques.
On ne tarde pas à se coucher car le lendemain direction Sainte-Rose-Du-Nord à la découverte du Fjord...

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