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À l'Affiche

Chichicastenango


Au petit matin, nous disons au revoir à Franck. Le jour se lève avec un grand ciel bleu et le soleil qui chauffe petit à petit. En arrivant à l’embarcadère, nous sommes subjugués par le paysage. Un jeune dans un crie « Pana, Pana » et nous fait comprendre de nous dépêcher car le départ de la lancha est imminent. Nous sommes les deux seuls touristes au milieu des locaux. Les femmes sont vêtues de la tenue traditionnelle, maquillées, coiffées et sentent merveilleusement bon. Les hommes sont soit en costume noir ou en jean tee-shirt. Les uns et les autres avec le téléphone portable dernier cris…et oui même au fin fond du Guatemala. D’ailleurs nous pouvons voir des panneaux publicitaires annonçant la 4G. Nous trouvons ça incroyable car en France elle est fraîchement arrivée. Bref, nous quittons San Marcos le sourire aux lèvres au milieu de la population, et navigant sur le lac qui nous offre ses plus beaux paysages et ses plus belles lumières. Arrivés à Pana, nous demandons pour prendre una camioneta. Nous sommes dimanche donc il n’y a pas de camioneta directe jusqu’à Chichi. On nous dit de prendre un pick-up jusqu’à Sololà puis una camioneta à Los Encuentros puis une autre pour Chichi. C’est parti !!! Nous demandons au premier pick-up. Il accepte volontier. Nous montons à l’arrière à ciel ouvert au milieu des jeunes femmes et d’un jeune homme. C’est l’hilarité de tous en nous voyant galérer pour monter dans le pick-up avec nos sacs à dos. Une fois dedans, nous nous tenons debout et nous nous accrochons à une barre latérale. Si vous avez bien suivi et tout lu, vous savez d’avance que nous avons encore une fois adoré ce mode de transport. Cheveux au vent, la discussion s’engage avec les locaux. Au début plus ou moins par des moqueries puis des apprentissages de mots en français. Voyant que nous pouvons tenir une conversation en espagnol, nous échangeons plus sérieusement autour du voyage, de la France, du mariage au Guatemala, du travail et de la politique. Un vrai régal. Arrivés à bon port nous avons droit à des sourires et des grands au revoir. Nous voilà en quête de notre camioneta. Les locaux nous l’indiquent gentiment. Encore une fois, les seuls touristes, la musique latine, les parfums des femmes, le second du chauffeur qui crie la destination…allez c’est parti. Nous demandons conseil aux locaux pour se rendre à chichi. Une fois arrivés à Los Encuentros, ils nous disent de descendre et nous disent où prendre la seconde camioneta. Nous attendons à peine 5 minutes, et hop, nos bagages sur le toit et nous dans le bus. Nous pensons avoir été trop loin. Nous demandons à deux hommes qui nous disent de descendre maintenant et de remonter la rue qui amène au marché de Chichi. Nous voilà arrivés, face à une arche colorée en guise de porte d’entrée de la ville. Nous voyons un premier hôtel qui nous semble pas mal mais décidons d’aller petit-déjeuner pour se poser et voir sur le guide ce qu’il y a comme possibilité de logements. Avec nos gros sacs à dos, nous nous mêlons à la foule et aux étales. Nous demandons à un marchand où petit-déjeuner. Il nous indique une adresse. Il faut savoir que nous sommes dimanche et que c’est le jour où le marché est le plus important. Il y a du monde mais l’ambiance est calme et paisible. Rien à voir avec les souks au Maroc par exemple. Nous trouvons le café. Il se situe à l’étage et une table est libre au bord d’un balcon qui donne sur l’une des rues du marché. L’endroit idéal pour observer. Le petit-déjeuner est copieux et délicieux.

Pour notre plus grand bonheur, 2 jeunes femmes et un monsieur s’installent en bas au coin de la rue pour jouer et chanter des sérénades. Que demander de plus !!! Nous en prenons plein les yeux et les oreilles. On se sent bien, le sourire jusqu’aux oreilles. Encore un petit-déjeuner qui restera mémorable. Ce qui est génial au Guatemala, c’est que le dépaysement est tel que l’on apprécie la simplicité des choses. Pas besoin de faire des musées ou des attractions. Nous faisons ce que nous aimons le plus en voyage, se laisser porter, flâner dans les rues, goûter toutes les spécialités, sourire, s’assoir pour regarder, s’émerveiller devant ces couleurs, écouter ce groupe de musicos, etc. Nous partons ensuite à la recherche d’un logement. Très vite nous arrêtons notre choix pour profiter au maximum du marché et de la procession. La place centrale de Chichi est noire de monde et les flots de touristes sont arrivés. Nous entendons des pétards retentir. Nous nous frayons un chemin à travers la foule et tombons nez-à-nez avec la procession. Impossible de passer donc nous contournons le marché pour arriver face à l’Eglise San Tomas et assister à l’arrivée de la procession. Sur les marches de l’Eglise, des femmes vendent des bouquets de fleurs en guise d’offrande. Des pétards sont tirés depuis les mêmes marches. Un haut-parleur diffuse une musique lancinante mais très agréable. Il y a différents groupes qui portent différents saints. Nous attendons que tous les cortèges rentrent dans l’Eglise pour les suivre. Chaque Saint est garé sur chaque côté de l’Eglise les uns en face des autres. Chacun va déposer des offrandes devant un Saint et faire brûler une bougie. L’entrée de l’Eglise baigne dans un nuage d’encens. La musique retentie à l’intérieur. Chacun de notre côté, nous partons nous asseoir sur un banc face à l’Autel. Nous ne sommes pourtant pas croyants, mais nous sommes envahis d’une forte émotion pour des raisons différentes. Nous restons un long moment. En sortant, nous nous rendons dans le patio de l’Eglise histoire de se remettre de ce moment intense. Nous continuons notre visite par le marché aux fruits et légumes. Il se trouve dans un centre commercial qui fait aussi office de salle omnisport. Nous montons à l’étage pour se régaler de ces odeurs et ces couleurs. Il y a une quantité impressionnante de produits agricoles. Ces étales nous donnent envie de descendre et de se mêler aux locaux. Les odeurs sont encore plus intenses. Nous sommes amusés d’être au-dessus du peuple Quiché. En effet, ils sont très petits et souvent courbés pour porter leurs achats ou les enfants sur le dos. Ludo demande à un exposant l’origine des produits. Tout vient essentiellement de Sololà. Il est rigolo de se frayer un chemin entre les étales et se faire bousculer par les locaux lorsque nous sommes sur leur passage. Puis nous sortons pour s’engouffrer dans le marché installé sous des tôles. Il y a le coin des tissus, de l’électroménager, de la viande, des chaussures … et des comédores. Le but du jeu est simple : se perdre et se laisser guider par ses envies et par les odeurs. Tout le monde nous regarde et nous lance un Hola !!. Nous décidons de manger sur place. Notre choix s’arrête pour un stand tenu par des femmes habillées avec la tenue locale. Tout est fait en sorte pour que l’on soit bien installé. Nous lui commandons le plat complet à savoir du poulet frit, des frites, des tortillas negras e blancas et de la macédoine, le tout accompagné d’un coca. Les femmes de l’étale d’en face rient de nous voir. C’est une jeune fille mineure qui nous sert. Nous nous rendons compte qu’elle ne comprend pas très bien l’espagnol car elle parle le Quiché, dialecte local. Nous arrivons tout de même à échanger et à rire. Tous les passants nous regardent. Nous nous sentons être l’attraction du jour. Nous nous régalons. Ludo est intrigué par les femmes qui font les tortillas. Elles aplanissent une boule de pâte en tapant dans leurs mains, ce qui produit un son très agréable et une forme parfaitement ronde. Leur geste est à la fois doux et énergique. Ludo demande s’il peut essayer. La jeune fille demande et la réponse est positive. Pour ne pas choquer, Ludo demande à le faire depuis sa place et non debout à côté des femmes pour ne pas créer de problème. Vous vous doutez bien qu’il n’y arrive pas et que l’hilarité est générale. Rapidement nous sentons que la responsable du comidores s’agace. Nous demandons donc la cuenta et les félicitons pour ce très bon repas. En guise de dessert, nous nous arrêtons devant un stand de coupe de fruits frais. Nous le dégustons sur les marches de l’Eglise au milieu des femmes qui vendent les fleurs. Un vrai régal tant pour les papilles que pour la vue que nous avons de cette tranche de vie. Malgré la foule, l’ambiance est calme et paisible. Histoire de digérer, nous sommes partis marcher en direction de Pascual Abaj (la pierre du sacrifice). Situé à l’écart du centre-ville, c’est un sanctuaire Maya qui est dédié au Dieu Maya de la Terre Huyup Tak’ah (qui signifie plainte de la montagne) où les Chuchkajaues continuent de le vénérer en y venant régulièrement déposer des offrandes d’encens, de nourriture, de cigarettes, d’alcool et sacrifient parfois un poulet en guise de remerciements et de prières pour la fertilité de la terre. Le soir venu, la ville est méconnaissable. Il ne reste que la structure du marché à savoir les tôles et les bâtons de bois en guises de poteaux et de délimitation des stands. La ville fait déserte et triste. Les quelques personnes qui sont encore là sont assises à des comedores autour de la place. Nous sommes les seuls touristes. Un homme nous invite à prendre place pour y manger les pupusas confectionnées par sa femme. Nous nous installons sur des tabourets qui font face à des planches de bois comme une bodéga. Ses filles nous prennent la commande. Les pupusas sont des tortillas garnies de queso accompagnées de radis, de spaghettis et de macédoine. Comme boissons, Matt prend un arroz con leche et Ludo un chocolate caliente. Comme d’habitude nous nous régalons et passons un agréablement moment en compagnie de cette famille. En face nous allons acheter de quoi petit-déjeuner pour le lendemain. Le gérant nous demande notre nationalité. Pour lui cela évoque Zizou !!! Il nous demande si le foot est un sport local comme au Guatémala. Nous lui répondons par l’affirmative mais lui parlons aussi du rugby. Il ne connait pas ce sport. Il connait le football américain mais pas le rugby. Très intéressé, nous voilà à essayer de lui expliquer les règles en espagnol !!! Nous faisons des dessins et nous tentons même de mimer une action dans sa boutique sous le regard des passants. Nous lui demandons s’il a internet pour lui montrer des images. Il sort son portable et se connecte à internet. Il est ravi de voir des images. Nous lui proposons de chercher une vidéo. Il ne peut pas car pour faire une recherche sur internet il a dû se connecter ce qui lui sera facturé en plus. Nous sommes très gênés. Mais lui ravi d’avoir appris un nouveau sport. Nous lui disons au revoir en regrettant de ne pas avoir apporté un petit ballon de rugby. En effet, cela fait plusieurs fois que l’on parle du rugby et que les gens ne savent pas ce que c’est. Bon ok, nous ne sommes pas forcément les mieux placés pour entrainer une équipe, mais on se voyait déjà proposer un rugby foulard aux locaux, histoire qu’ils puissent ne serait-ce que jouer avec le ballon et faire des passes. Si on trouve un ballon de rugby faudra que l’on essaie. Cela peut-être un bon moyen de créer des contacts avec les locaux. Nous retournons à l’hôtel le sourire aux lèvres. Cette journée a été encore riche en rencontres, découvertes et émotions.


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