Lago De Atitlan
5h45, le réveil retenti. Nuit agitée et les punaises de lit ont été rendre visite à Matt. Nous quittons l’auberge pour nous rendre au marché et prendre una camioneta en direction de Panajachel. Les lumières au lever du jour sont magnifiques. La ville se réveille doucement. Nous attendons la camioneta. Un local vient à notre rencontre est d’un pas rapide nous indique le bus à prendre. Bingo, c’est bien la camioneta Rebuli comme nous avait indiqué l’office du tourisme. Nous sommes les seuls avec une jeune femme et son enfant. Elle engage la conversation et nous demande d’où nous venons. Elle, elle est de Sololà, village juste au-dessus de Panajachel. Allez c’est parti pour 2h30 de trajet rythmé par les arrêts, les virages, les dos d’ânes et la musique. Comme la première fois, le trajet est fantastique. C’est vraiment quelque chose à vivre. Sur le trajet, il y a des locaux qui viennent proposer leurs cakes maisons, les empanadas…cela sent trop bon !!! Prochaine fois on se fait le petit-déjeuner dans la camioneta. En chemin, nous donnons nos 36 Quetzales chacun. Pas besoin de négocier, nous payons le même tarif que les locaux.
Arrivés à Panajachel, nous cherchons le débarcadère. Bien entendu certains se proposent de nous y conduire mais il faudra y laisser une commission…hors de question. Nous demandons donc dans les tiendas où à chaque fois on nous renseigne avec le sourire. Pour rejoindre les lanchas, nous passons dans la rue commerçantes et ultra touristique de Pana. Tout le monde est le capitaine d’une lancha…mais bien sûr !!! Arrivés à destination, les prix pour chaque traversée sont indiqués sur un panneau. Pour nous autres se sera San Pedro. En attendant que la lancha se remplisse, Matt va chercher de quoi déjeuner. Coïncidence, nous nous retrouvons qu’avec des français et une américaine. Nous faisons la connaissance de Franck. La traversée est magnifique sur el lago de Atitlan. Nous en prenons plein les yeux. Encore une fois, un moyen de transport rempli de charme. Après quelques haltes, nous arrivons à San Pedro. Nous sommes bien évidemment attendus et reçus comme il se doit. C’est en fait un agent officiel de l’office du tourisme qui nous demande si nous savons où aller. Nous avions eu quelques indications d’hôtels par d’autres voyageurs. Pour se rendre à l’hôtel, nous traversons une rue commerçante avec ses écriteaux en anglais, hébreux et les monnaies correspondantes. Le village est le repère de hippies et des noctambules. Nous trouvons une chambre de 3 lits à Casa Elena au pied du lac pour 40 Quetzales. Nous proposons à Franck de la partager avec nous. Nous nous apercevons très vite que nous sommes sur la même longueur d’onde et même rythme : recherche d’authenticité et se lever tôt. Franck est de Rennes et est un grand voyageur. Chacun part de son côté pour parcourir San Pedro. Nous nous rendons en premier lieu à l’office du tourisme pour connaître les possibilités pour se déplacer et poursuivre notre route. Pour résumer, les femmes qui y travaillent ne savent rien. Du coup, nous nous référons au guide et surtout nous décidons de nous perdre dans la ville. Première destination, l’hôtel Mikaso tenu par un canadien. Pour s’y rendre, nous devons nous éloigner de la rue principale qui est limite insupportable par sa faune et cet ultra tourisme. Plus nous nous éloignons et plus nous évoluons dans des rues étroites, colorées et calmes. L’hôtel Mikaso est effectivement très agréable mais trop cher pour nous. Sans le savoir, nous arrivons au centre du village. Nous comprenons qu’il y a deux San Pedro : celui des touristes, proche du lac et celui de ses habitants avec leurs traditions proche du parque central. Au parque central, se dresse l’église, devant laquelle aura lieu le soir-même une procession. Du coup, nous avons notre programme pour la soirée. En chemin, nous retrouvons Franck. Nous lui proposons de nous accompagner en tuc-tuc pour visiter le village voisin San Juan. Nous embarquons avec 2 jeunes avec Bob pour fond musical !!! Vous nous dirait : qu’est-ce qu’il vient faire là lui ??? Et bien disons que les locaux s’adaptent aux touristes. Bref, pour nous autres, notre premier trajet en tuc-tuc. Encore une fois, une expérience à vivre. Nous sommes littéralement tombés en amour pour leurs modes de transports. En chemin, Ludo engage la conversation avec un des jeunes. Ce dernier lui explique comment fonctionne les tucs-tucs et les camionetas.
L’un et l’autre appartiennent à un entrepreneur qui engage des conducteurs. A la fin de la journée, ils reversent la somme engrangée et reçoivent 50 Quetzals par jour. Ce jeune n’a plus ses parents et vit dans une famille. Avec ces 50 Quatzels il paie ses repas. Ludo évoque la question des touristes. Le jeune trouve effectivement cela irrespectueux envers leur culture, notamment concernant l’alcool et la drogue. Mais cela leur permet de vivre. Après quelques minutes de trajet assez mouvementé, nous arrivons à San Juan. Quel contraste avec San Pedro. Ici, c’est calme, très peu de touristes et aucune sollicitation. Les murs des rues sont ornés de fresques représentant des scènes de la vie Maya. Ce village est réputé pour le tissage. Nous voyons une femme tisser dans un local. Lorsque nous entrons, nous sommes accueillis par un large sourire mais elle arrête de tisser. Elle commence à nous expliquer le processus puis nous indique une association gratuite qui pourra nous montrer cette tradition. Avant de nous y rendre, nous faisons une halte dans un bar. Nous sommes les seuls. L’accueil est irréprochable et il nous est facile de discuter avec la serveuse qui nous explique le processus du café. Nous ne trouvons pas l’association mais d’autres jeunes femmes tenant une boutique nous donnent les explications. Leur tissage est fait à partir du coton. Il existe deux sortes de coton : le blanc est le brun. Une fois le coton transformé en fil, elles utilisent des plantes pour la coloration. Autant les locaux que les touristes, choisissent le modèle et la couleur. Il faut environ une semaine pour réaliser un haut par exemple. A l’annonce des prix, nous sommes effarés : 250 Quetzals pour un poncho pour femme, c’est-à-dire environ 25€ pour du fait main. C’est là que nous rencontrons une des limites
de long voyage : nous n’avons pas de place pour ramener ce genre de pièces qui sont somptueuses. Tant pis, plaisir des yeux et aucune pression de la part de ces jeunes femmes à qui nous n’avons rien acheté. Puis nous nous sommes rendus au bord du lac. Un endroit merveilleux. Par chance, le soleil se couchait, les pêcheurs rentraient de leur journée et 2 locaux sirotaient une bière sur fond de musique latine. Un vrai régal où chacun est parti de son côté pour apprécier l’instant et photographier ce petit coin du paradis. Pour nous aussi, il ne manquait que les bières pour s’asseoir sur le ponton face au lac et se laisser bercer par cette musique si caliente !!! Pour retourner à San Pedro, nous reprenons un tuc-tuc. De retour à San Pedro, les rues étaient plus calmes, du coup nous apprécions et avons une autre image du lieu. Après une douche chaude, Franck part de son côté et nous nous rendons au parque central pour manger et assister à la procession. Nous choisissons un comedor tenu par une femme. Cette dernière nous invite à s’asseoir sur des tabourets derrière elle. Pendant qu’elle nous prépare du poulet, avec du riz, du guacamole et une purée d’haricots noirs, accompagné de tortillas, elle engage la conversation. Elle nous demande de lui apprendre quelques mots en français. Parenthèse, nous avons oublié de vous dire qu’ici les locaux vous parlent en anglais et en dollars avant de vous parler en espagnol et en quetzal !!! Nous lui expliquons que pour nous, il est hors de question de parler anglais. Elle sourit et s’enchaine une conversation en espagnol. Patricia nous présente son fils Diego. Elle nous explique que ce comedor est à elle et qu’elle travaille 1h par jour dans une boutique dans la rue touristique. Ces deux activités ne sont pas suffisantes pour nourrir ses 3 enfants. Elle aussi subit « l’invasion » touristique et ne trouve pas très respectueuse leur attitude. Nous sommes effectivement assez choqué de voir des gens sales, pieds nus, sous l’emprise de substances. Nous trouvons ça irrespectueux et peut renvoyer à la question du colonialisme moderne. Pour nous autres, nous concevons notre voyage comme la découverte et la rencontre d’un peuple, d’une culture, d’un pays. Si nous voyageons vers l’étranger ce n’est pas pour retrouver les codes et les services de là où nous venons. Bref, nous savourons cet échange, cette rencontre et assistons pudiquement à la procession. Au loin, rugissent les crécelles actionnées par les enfants. Cela fait beaucoup de bruit et c’est fait exprès. C’est pour signifier qu’ils arrivent. Puis suivent des hommes qui portent une représentation de Jésus sur une plateforme. Ils s’arrêtent devant des gens qui ont dressés une table ornée de bougies et de fleurs. Le tout baigne dans un nuage d’encens. Une prière est lue par un des participants de la célébration. A la fin de la prière, les enfants s’empressent avec ardeur de faire retentir leur crécelle. C’est à celui qui tiendra le plus longtemps et qui fera le plus de bruit. A l’arrière, des femmes en habit traditionnel chantent. Le cortège se ferme par les hommes qui portent le générateur électrique qui sert à alimenter l’éclairage de Jésus et le micro. Pendant ce temps, Patricia est au téléphone. Nous ne savons pas quelle importance elle accorde à ce rituel. Nous la réglons (30 Quetzals pour 2), nous la remercions et allons voir la fin de la procession devant l’Eglise qui se trouve dans le parc central. De retour, nous allons boire une bière. Au détriment d’un bar lounge rempli de touristes, nous préférons le bar local où nous sommes les seuls touristes. De retour à l’hôtel nous nous racontons notre soirée respective avec Franck. Nous décidons de nous rendre le lendemain à San Marcos.
6h du matin, Ludo part admirer le lever du soleil. Tous les touristes dorment et laissent place aux hommes et aux femmes qui se lavent au bord du lac et qui font la lessive. Les pêcheurs sur la barque en bois s’entrecroisent, s’échangent quelques mots, puis partent chacun de leur côté pour pêcher avec un simple fil de pêche. Quel agréable moment de voir le vrai visage de ce village et de se faire le plus discret possible pour respecter cette quiétude. Franck se lève à son tour et s’assoit sur une chaise pour vivre ce moment. Matt nous rejoint. Sans mot, chacun apprécie ce réveil en douceur. Ludo et Franck montent sur le toit de l’hôtel pour admirer le décor, c’est-à-dire le lac, la montagne nommée « El rostro de Maya » et l’envers du décor, à savoir le village accroché à la montagne qui a des allures de favelas. Nous décidons d’aller petit-déjeuner. Dans la rue principale, tout est fermé. Il semblerait que même les horaires soient adaptés aux touristes :-). Un restaurant est ouvert et propose tous les petits déjeuners du monde. Encore une fois, on s’adresse à nous en anglais. Ludo répète qu’il est au Guatemala donc qu’il préfère que l’on parle espagnol. Le petit-déjeuner est très bon et la serveuse très agréable. Cela fait du bien de prendre un peu le temps ce matin. Nous prenons ensuite la direction de l’embarcadère. En attendant que la lancha se remplisse, nous admirons le paysage et prenons quelques photos. Le trajet, rapide, mais toujours aussi féérique. Arrivés à San Marcos, ce sont les enfants qui nous accueillent. Ils ne sont pas très insistants. Tous les 3 nous partons à la recherche d’un hôtel. Le village est certes aménagé pour accueillir ceux en quête de yoga, méditation et autres pratiques, mais c’est tout de même plus calme et authentique. La rue principale pavée et étroite se compose de boutiques et de restaurants. Un peu plus haut, la rue pavée s’arrête et nous retrouvons les chemins en terre et le centre du village avec sa place centrale. Nous demandons aux policiers pour nous rendre à la pension Pacha Mama. C’est en retrait du village. La pension est en construction. Les chambres sont vétustes et les sanitaires moyens. Nous ne nous voyons pas rester ici. Nous allons plus haut dans le village mais là c’est le prix qui ne nous convient pas. Il y a moins d’offre de logement donc les prix sont un peu plus chers. Nous redescendons vers la rue principale qui distribue des chemins aménagés dans la végétation dense. Nous nous rendons à l’Hôtel La Paz. C’est un bel établissement situé dans un jardin luxuriant. L’endroit nous plait. Nous souhaitons tout de même aller voir d’autres lieux. Au fur et à mesure, nous suivons un chemin bien entretenu au milieu de la végétation. L’endroit est tout simplement magnifique. Les autres hôtels sont complets. Avant de retourner à l’Hôtel de la Paz, Ludo souhaite prendre un autre chemin. Il tombe sur un petit hôtel tenu par un suisse. Ce dernier lui propose une chambre tout confort avec salle de bain privée pour 3. Tout est très propre, le cadre magnifique, au calme et très économique. Il part chercher Matt et Franck qui tombent sous le charme. Franck ne pensait pas rester avec nous et finalement il se sent tellement bien ici qu’il va rester 2 nuits de plus. Il est vrai que nous aurions été à la fin du voyage nous aurions fait de même. Franck part visiter de son côté et nous du notre. Nous décidons d’aller au parc Cerro Tzankujil qui est une réserve naturelle qui se trouve sur une colline sacrée. Il y a des aires de baignade, un ponton de plongée, un autel maya situé au sommet et un belvédère donnant sur le volcan. Le site est magnifique est agréable. Le temps couvert ne donne pas envie de se baigner. Tout le long de la baignade nous sommes accompagnés par la chienne du propriétaire de là où nous dormons. Arrivés au sommet, la vue est belle mais masquée par les nuages. Et quels nuages !!! Ils sont noirs, nous sentons que nous allons prendre un grain. Cela ne loupe pas. Nous nous abritons sous un des abris. Il pleut tellement fort que nous montons sur l’assise du banc puis sur le dossier du banc. Nous attendons une accalmie pour redescendre. Et oui, en tongs ce n’est pas l’idéal lol. Avant d’arriver à l’hôtel, nous prenons une bonne trempée. Nous nous rendons compte du coup que dans la chambre c’est très humide, ainsi que nos sacs et nos affaires. Cela ne va pas arranger notre rhume. Il ne cesse de pleuvoir à grosses gouttes. Nous ressortons péniblement pour aller déjeuner. Il fait froid et malgré le plat chaud, impossible de se réchauffer. De retour à l’hôtel, une douche bien chaude nous a permis de ne plus sentir cette humidité et de nous réchauffer. Après quelques discussions avec Franck, nous sommes partis dîner dans la rue principale sur les conseils de Franck. Un restaurant sympathique où une jeune serveuse polonaise nous accueille. Elle vient juste d’arriver. Elle est ici dans le cadre d’un wwoofing pour un mois. En l’échange de son aide, elle est logée gratuitement et peut apprendre l’espagnol. Nous trouvons ça génial que les guatémaltèques utilisent ce système. Un autre polonais fait de même dans le restaurant d’en face. Ludo voulant en savoir plus, pose une question à une des femmes pensant que c’était la gérante. Au même moment, un gringo demande à la femme de partir et demande en anglais à Ludo « Can i help you ? » avec un grand sourire. Ludo lui répond en espagnol qu’il était en train de poser une question à cette femme. Le patron fait l’étonné. Nous comprenons que ce fameux gars est le propriétaire des deux restaurants et que les femmes locales sont à son service et qu’en prime il exploite le filon du wwoofing pour ne pas payer de serveur. Notre désir de wwoofing s’en va instantanément en voyant ce type qui ne nous inspire ni confiance ni honnêteté. Ceci étant, nous avons très bien mangé. Il est temps de rentrer et d’aller se coucher car le lendemain nous quittons Franck pour prendre una lancha à 6h30 en direction de Panajachel puis una camioneta pour aller à Chichicastenango.