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À l'Affiche

Todos Santos de Cuchumatan


Tout semble être ok pour continuer notre périple au Guatemala. Nous prenons un bus en direction de Todos Santos Cuchumatanes. C’est un village au fin fond de la montagne. La particularité de ce village est que les hommes et les femmes portent tous l’habit traditionnel. La route est assez longue mais magnifique. Toujours aussi incroyable de voir des champs entiers sur les flancs des montagnes. En chemin, un homme et son fils montent dans le bus. Ils portent tous les deux l’habit traditionnel. A savoir, un pantalon rouge rayé de blanc ou de mauve, une chemise blanche rayée de bleu et de mauve, un chapeau rond et une besace multicolore. Ils sont magnifiques. Une fois arrivés, nous sommes les seuls touristes. Nous cherchons un hôtel. Il faut savoir qu’il y en a très peu dans le village mais ce dernier est assez étendu. On s’arrête dans un premier qui est géré par l’association des femmes du village. Nous ne sommes pas convaincus. On se décide pour celui qui est un peu excentré et en cours de rénovation. En traversant le village nous nous sentons dévisagés. Une fois les sacs posés, nous allons nous balader dans le centre histoire de prendre nos repères. Nous retournons à l’association des femmes car c’est là que se trouve l’office du tourisme. Les femmes nous accueillent dans l’obscurité et nous indiquent un tableau avec des prospectus datant de quelques années. Nous en profitons pour admirer les tissus et les tenues locales qui peuvent être achetées. Ludo essaie une chemise. En fait le tissu est très épais comme du jean. Comme toujours, ces habits traditionnels sont beaux sur les locaux et dans leur région. Sur nous, cela fait plouc. Nous repartons en direction de la Mairie qui semble être le centre névralgique du village. Nous observons les jeunes rentrer de l’école avec leurs habits traditionnels mais modernisés. En effet, certains ont fait broder à la poche arrière un puma, d’autres la fameuse virgule, et le tout porté avec des baskets et une casquette américaine. Comme quoi, l’adolescence est universelle. En cherchant des informations pour visiter la région dans les prochains jours, nous rentrons dans une boutique de tissu. Le « gérant » nous explique qu’en une journée il peut nous faire sur mesure la tenue traditionnelle. Nous sommes tentés de faire faire que les pantalons. Nous verrons plus tard. Nous trouvons enfin la boutique qui fait pharmacie, vente d’électroménager et guide !!! Nous sommes accueillis par Miguel qui nous propose différentes ballades autour du village. Très vite il comprend que nous sommes français. Il se met à nous parler français. Il nous explique avoir fait ses études à Montpellier et d’être revenu vivre ici où il s’est marié et a eu des enfants. Fin 2016, il projette d’envoyer en vacances sa femme et sa fille en France. Et si son budget est suffisant, d’y aller aussi avec son fils. C’est fou de rencontrer cet homme au fin fond du Guatemala qui a fait ses études en France. Une fois les conseils pris, il nous indique où dîner. Cela tombe bien, nous avons faim et c’est juste à côté. Pour trois fois rien, nous mangeons un excellent repas et servi par une femme très agréable. Par contre, nous nous sentons mal à l’aise et pas forcément les bienvenus. Nous sommes surpris car nous avons choisi ce village suite à un article d’un voyageur qui s’y est rendu 3 semaines avant nous et qui en a gardé un très bon souvenir. Nous sommes fatigués, nous retournons à l’hôtel. Sur le chemin du retour, on passe devant un bar où le surnom de « Gringos » retentit. On sent que l’alcool est assez présent dans le village.

11 Mars 2016

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous préparons à prendre un bus en direction de San Martin pour visiter le marché et les champs de café. Le trajet est long et le chemin bien cabossé. Après une grosse demi-heure de bus, nous arrivons dans un village traversé par une seule route. Il fait beau et les étales sont magnifiques. Nous y retrouvons notre vendeur de tissu de la veille. En sortant du village, nous découvrons les champs de café. Au hasard, nous demandons à un local de nous expliquer le processus de la production et de la récolte du café.

Ellio accepte volontiers de répondre à nos questions et de nous montrer les grains. Au départ, ce sont des grains rouges auxquels on enlève la pellicule et que l’on fait sécher une journée et une nuit sur une bâche. Le grain change de couleur. Puis c’est en le passant au four qu’il va prendre la couleur noire ou brune. Nous sommes effarés du prix d’achat. Il est dérisoire. Nous avons droit à une dégustation. On nous avait prévenus comme quoi ils avaient du bon café mais ne savaient pas le faire. Nous confirmons. Emilio et sa famille nous questionne sur notre voyage, notre pays, notre travail, etc. Nous sommes toujours un peu gênés lorsque nous leur répondons que nous voyageons pendant un an. Dans nos explications, ils sont étonnés que nous ne soyons pas propriétaires alors que nous vivons en France. Après ces échanges riches et chaleureux nous les remercions et retournons au village pour reprendre un bus en direction de Todos Santos. Le midi, nous déjeunons dans un comédor qui propose de la cuisine mexicaine. Un vrai régal. Et nous avouons que cela change des tortillas pas assez cuites et des frijoles. A la fin du déjeuner, un gars alcoolisé rentre dans le restaurant. Bien entendu il est pour nous avec nos gueules de Gringos !!! Sachant que nous sommes des français, il nous sort des auteurs, des peintres et des lieux touristiques français. Jusque-là tout allait bien. Puis il commence à partir dans l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale et à parler d’Hitler. Il mêle cette période historique à la guerre civile au Guatemala. Il prend à parti Ludo qui ne sait comment faire pour s’en débarrasser sans que cela fasse de vagues. Il répond donc ses questions tout en essayant de clôturer le débat mais sans succès. Matt entre temps va payer et les le responsable tente de faire partir le gars. Mais ce dernier explique qu’il ne fait rien de mal. Les autres clients ont leurs nez dans leurs assiettes tout en montrant leur désaccord quant à la présence de cette personne alcoolisée. Lorsque Matt a fini de payer, la police arrive et embarque l’homme en le menottant. C’est la femme du responsable qui a appelé la police et s’excuse pour ce désagrément. C’est nous qui sommes gênés. Nous ne savons pas ce que va devenir cet homme. On nous explique que l’ivresse sur la voie publique et dans les établissements est interdite. La procédure est la suivante : l’homme est menotté, emmené au poste pour décuver quelques heures puis sera relâcher. Nous comprenons mais nous sommes assez mal à l’aise d’autant plus que nous sommes les seules touristes et pas forcément les bienvenus. Une petite fille s’approche de nous en nous demandant si elle pouvait nous poser une question. C’est un travail scolaire demandée par la maîtresse à savoir : « Demande à des étrangers combien de livres lisent-ils par an ? ». Nous nous rendons compte que notre présence a fait le tour du village. Ludo répond en premier à l’écolière en lui disant qu’il n’était pas un bon exemple car il ne lisait qu’un livre par an. La fillette est étonnée. Matt répondit la même chose car en ce moment il ne lit pas beaucoup. Ayant ses réponses, la jeune fille repart s’asseoir à la table derrière nous. Son père prend le relais en nous réexpliquant ce que nous avait dit sa fille. Nous tentons de lui couper la parole en lui disant qu’elle nous avait très bien présenté son sujet. Mais il insiste en s’excusant. En effet, nous devons comprendre que la maîtresse veut que les enfants demandent à des étrangers combien de livres ils lisent car nous sommes plus intelligents qu’eux !!! Nous l’arrêtons de suite. Il insiste et affirme que nous sommes supérieures à eux car nous avons l’argent et l’instruction scolaire. Donc nous sommes plus intelligents. Ludo insiste et lui coupe la parole en lui disant que les enfants d’ici lisent sûrement plus que lui. Que nous visitons le Guatemala pour s’enrichir et apprendre d’eux. Certes ils ont peut-être moins d’argent mais ils sont riches humainement, culturellement, et que nous apprenons beaucoup en les observant au quotidien et en essayant de communiquer avec eux. On ne sait comment, le discours dévie sur le tourisme et notamment les américains. Nous leur expliquons que nous ne sommes pas américains et que nous nous refusons à parler en anglais dans un pays où il y a 22 dialectes différents. Que nous espérons ne pas leur renvoyer une toute puissance de notre part car ce n’est pas notre intention. Nous essayons au mieux de respecter leur culture, leur quotidien, leurs valeurs. Nous sommes là pour apprendre, pour découvrir, rencontrer et partager. Le reste des clients nous écoutent attentivement et acquiescent de la tête. Le père de famille entend nos propos et nous remercie de les considérer comme des êtres riches. Il s’excuse encore une fois de nous avoir dérangés et retourne déjeuner avec sa famille. Nous remercions l’ensemble des clients et les responsables en leur souhaitant une bonne journée. Ce déjeuner nous fait encore une fois réfléchir à l’impact du tourisme et à l’attention que nous devons porter à notre attitude et à nos comportements. Nous avons beau être en 2016, nous sommes encore pour certains dans un rapport de supériorité de l’Homme blanc sur l’Homme indigène. Nous pensons que c’est en lien avec leur histoire coloniale.

Nous sommes allés rendre visite à Miguel pour connaître l’itinéraire d’une ballade et lui raconter notre aventure. Il est très vite passé sur l’évènement en disant que c’était une affaire entre le restaurant et l’homme alcoolisé. Puis il nous a expliqué le chemin pour nous rendre à un site Maya.

Nous prenons donc un bus qui nous laisse au pied du site. Arrivés à l’entrée, des hommes et des femmes sont sous un porche où est situé le plan du site. L’un d’eux se présente comme le gardien des lieux et celui qui fait faire la visite. Nous refusons sa proposition car nous savons que l’accès est libre et gratuit. Il insiste et nous demande comment connaissons-nous le site. Stupidement nous lui donnons le prénom de Miguel. Il insiste en disant que l’entrée est payante pour préserver le site et que Miguel ne fait pas parti du groupe qui s’occupe du site. Nous décidons de partir car le gars est désagréable et pas envie de payer pour une fausse association. En partant le gars nous insulte. Bon, vivement que l’on bouge car nous n’aimons l’atmosphère ambiante de ce village. Nous redescendons donc à pied au village, ce qui nous permet de faire une très belle balade avec des paysages magnifiques. De retour au village, nous faisons quelques courses et partons voir Miguel. Nous lui expliquons l’épisode du site Maya. Il paraît assez froid et distant. Puis demande à son collègue d’aller chercher les pantalons. Entre temps il nous demande notre adresse email pour rester en contact et nous avertir s’il passe par Bordeaux. Nous sommes assez surpris de l’échange que nous avons avec lui. Depuis notre rencontre, il a était à la fois accueillant et distant. Nous acceptons les pantalons avec gêne. Nous souhaitons lui offrir un verre mais rapidement il nous dit d’aller les essayer et de les garder même s’ils ne nous vont pas pour les donner à un des membres de notre entourage. Nous le remercions et lui souhaitons que son projet de voyage familial en France cet Automne se réalise. Avant de rentrer à l’hôtel, nous partons dîner au comédor à côté de chez Miguel. Comme d’habitude, la serveuse est souriante, agréable et nous nous régalons.

Nous avons hâte d’être le lendemain matin pour quitter ce lieu qui nous pèse. Au moment de se coucher, nous entendons un mouvement de foule avec des bruits assourdissants dans toute la ville de casseroles. On a l’impression que cela vient vers l’hôtel. On aperçoit l’ombre du jeune qui travaille à l’hôtel. Nous lui demandons ce qu’il se passe. Il ne sait pas et on semble le déranger. Nous retournons dans la chambre. Le bruit est de plus en plus fort mais nous ne voyons rien dans la rue. Bon on avoue, pendant 1 minute on a cru que c’était une sorte de chasse aux gringos !!! Bin oui, à force de se sentir les malvenus, on se fait des films :-). Ce soir-là, c’est la pleine Lune. A quelques jours de la Semaine Sainte, on s’imagine que cela doit-être un rituel. Une chose est sûre, cela fait un boucan d’enfer. Cela ce calme un peu, puis des pétards retentissent et des cris des villageois. Peu à peu nous arrivons à nous endormir.


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